Le départemental, où sont attendus 400 animaux, est maintenu, dimanche, à Chaudes-Aigues

Les éleveurs du syndicat Aubrac ont choisi de maintenir le concours prévu dimanche à Chaudes-Aigues. « Par respect de nos anciens, par devoir pour les générations futures. »
Jean Batifol sera sûrement sur le site de Ladignac, dimanche. Pas très loin de son fils Jean-Louis, pas très loin non plus de ses souvenirs. À 80 ans passés, cet éleveur d’aubracs n’a pas fait que transmettre l’exploitation familiale : la passion de l’aubrac, il l’a depuis toujours. Et elle ne l’a jamais quitté, même en ces temps pas si anciens de vaches maigres, ces temps où l’aubrac n’intéressait plus personne. Les concours ? Il connaît : suffit d’aller faire un tour dans l’étable où « les quelques plaques qu’il a ramassées » témoignent de l’engouement et du travail. C’est pas pour rien que « dans la généalogie d’une aubrac, il est très rare de ne pas trouver le nom de la maison Batifol dans les cinq, six générations précédentes », souligne Jean-Marie Vidalenc, président du syndicat départemental.

« Avant les années 70, il n’y avait pas grand-chose, se souvient Jean Batifol. Après, il y a eu le concours cantonal, on s’est impliqué. Mon fils m’accompagnait déjà sur les concours : faut pas attendre d’avoir 20 ans pour voir ce qu’est une vache. Moi, j’ai quitté l’école à 14 ans et depuis, je n’ai jamais quitté les aubracs. C’était la race de la maison. Plus on les garde, plus on les aime. Et faut dire que j’étais peut-être un peu mordu aussi. On allait au concours pour voir comment faisaient les autres, pour progresser. Aujourd’hui, mon fils continue mais je tiens un peu tout ça à l’œil… » Un ‘il qu’il posera sans doute sur les aubracs et leurs éleveurs, dimanche.

« Ils m’ont transmis
le virus »
Parmi ces derniers, deux petits nouveaux, récemment installés. Thibault Buchon a repris l’exploitation de son père en début d’année, sur le canton de Massiac. « Mon père avait des laitières et j’ai choisi l’aubrac parce que, pendant mes études, j’ai rencontré des éleveurs passionnés et passionnants qui m’ont rapidement transmis le virus. Ce sera mon premier concours : il faut trouver des bêtes dociles et qui sont susceptibles de bien marcher. J’y vais autant pour l’ambiance conviviale que pour retrouver d’autres éleveurs et échanger avec eux. C’est aussi une belle vitrine pour ce que l’on fait et on ressent une certaine fierté. »

Bastien Pecoul, lui, sera sur le site avec deux de ses aubracs. Installé depuis peu à Chaudes-Aigues – sur une exploitation voisine de celle de son père et de son frère – le jeune éleveur compte une quarantain d’aubracs en race pure. « C’est la première fois que je participe au concours. D’abord parce que c’est sur la commune, mais aussi parce que c’est l’occasion de voir où on en est et le chemin qu’on a à faire. »

Un chemin sur lequel il risque fort de bénéficier des conseils avisés de ceux qui ont pris la même route depuis plus longtemps. « Oh, je dirais juste qu’il ne faut pas abandonner au premier échec, sourit Jean Batifol. Ce qui compte, c’est ce que la vache laisse à la fin de l’année. Moi, j’ai pu m’apercevoir que les bêtes moyennes étaient plus faciles à tenir. » « L’aubrac a une taille bien adaptée à notre climat et à nos conditions d’élevage, insiste pour sa part le vice-président du syndicat, Yves Chassany. Une aubrac ne nous fait jamais honte quand elle passe à la bascule. »

Séverine Perrier